CREA-PAIX / Euphrasie Yao : « je ne crois pas à la paix sans action » - Publiée le 05/08/2025

Créer la paix : quand les femmes et les jeunes deviennent des architectes du monde de demain
Jeudi 31 juillet, le monde a cliqué pour la paix. Entre deux alertes de guerre sur les réseaux, un mot d’ordre a circulé silencieusement mais puissamment : agir, maintenant. C’est le pari de la web-conférence d’ouverture de la campagne CREA-PAIX 2025–2026, organisée par la Chaire UNESCO "Eau, Femmes et Pouvoir de Décisions", en lien avec le Compendium des Compétences Féminines de Côte d’Ivoire. Un événement en ligne mais aux ambitions bien ancrées dans le réel avec pour ambition de refonder la paix comme un projet politique, communautaire et intergénérationnel.
Une paix à construire, pas à espérer
En toile de fond, l’intervention forte de la ministre Euphrasie Kouassi Yao, conférencière principale, architecte de cohésion sociale et Conseillère Spéciale du Premier Ministre chargée du Genre, a donné le ton. Sa voix, posée et ferme, a tracé les contours d’une paix qui se fabrique, se revendique et s’incarne.
« La paix ne peut plus être perçue comme un simple idéal moral. Ce n´est plus possible. Elle doit désormais être pensée comme un projet politique structurant impactant une culture à transmettre de génération en génération. »Dans un verbe passionné, parfois brut mais toujours sincère, Euphrasie Yao a dévoilé l’une des innovations du programme qui mêle le concept en baoulé "COFA" signifiant littéralement « Va, prends ta place » et le triptyque d’action conscientisation, formation, action. « Moi je ne crois pas à la paix sans action. La non-violence active nous appelle à transformer nos blessures en ponts, nos divergences en dialogue et notre colère en compassion. » souligne la Ministre Euphrasie Yao.
En clair, ne pas subir, mais transformer. Ne pas s’excuser d’exister, mais se lever. Car pour la ministre, « chaque projet retardé est une opportunité manquée. Chaque hésitation prive le monde d’une solution pour la paix. »Des visages pour la paix
La campagne CREA-PAIX, lancée en juin, a déjà mobilisé plus de 750 000 personnes, en ligne et sur le terrain. Avec des actions fortes comme le challenge "Mon Visage Pour La Paix", l´enrôlement de 405 bénévoles formés à la médiation, et une synergie internationale étroite, le programme s’inscrit dans une stratégie globale, sans jamais perdre de vue l’ancrage local.
Parmi les intervenants, Élisabeth Moreno, ancienne ministre française et actuelle présidente de la Fondation ADWIN, a rappelé que « l´égalité des chances est un levier essentiel pour faire advenir une paix juste ». Denise Époté, figure des médias panafricains, a insisté sur le rôle de l’information dans la fabrication du vivre-ensemble. Le Révérend Père Augustin Obrou a, lui, plaidé pour un retour au dialogue interreligieux, comme pilier de cohésion. Quant à Dr Harbeen Arora Rai, fondatrice du Women Economic Forum, elle a salué le « leadership disruptif » des jeunes femmes africaines.Un laboratoire de paix made in Afrique
CREA-PAIX n’est pas qu’un slogan. C’est une méthode, une école, une résistance douce. Sa boussole ? Une idée simple et audacieuse : la paix n’est pas l’absence de guerre, mais la construction active du lien. Et cette architecture nouvelle ne peut être confiée uniquement aux puissants. « Donnez le pouvoir aux femmes, donnez le pouvoir aux jeunes et nous aurons la paix », martèle Euphrasie Yao.
C’est une stratégie offensive de la non-violence, portée par des artisans de terrain, pas des généraux d’estrade. Dans une époque où l’urgence sature chaque jour d’information, CREA-PAIX vient poser une autre urgence. Celle de la construction, de la guérison, de l’action. Maintenant. Pas demain.
Et après ?
La campagne se poursuit jusqu’en 2026, avec des formations, des outils pédagogiques, du plaidoyer, et l’objectif assumé de transformer la non-violence en politique publique.Dans cette dynamique, le programme lance ce vendredi 1er août le challenge "365 jours pour la Paix" à travers une conférence animée par Dr Jean Messingué. CREA-PAIX veut créer des “créateurs et créatrices de paix” partout, sans uniforme ni fanfare. Car, pour paraphraser la ministre : « on ne peut pas planter du maïs et récolter du riz. Si l’on veut la paix, il faut la semer. »
Alors, que ferez-vous de ce moment ?
La question est lancée. Le clic ne suffira pas. C’est votre tour d’agir.
Alpha Mourinho
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